Vous l’aurez noté, voilà quelques jours déjà que nous sommes de retour à Paris. L’esprit maintenant reposé, c’est l’occasion de vous raconter en quelques mots nos aventures dans les blancs pays et aux confins de l’Hexagone.
D’abord, comme indiqué dans le titre de cette chronique, de la neige, beaucoup, comme si Robert Walser nous avait accompagnés… A Moscou, dans le blizzard et à travers les rues ensevelies de blanc, nous nous sommes frayés un chemin que nos amis moscovites avaient bien balisé : un accueil du lieu et du public vraiment exceptionnel. Comme une révélation de l’âme slave, si étonnante : latine et nordique en même temps. Nous avons rencontrés des gens merveilleux, qui aiment le théâtre et qui ne se livrent pas qu’à moitié… Surprenant, émouvant, enthousiasmant.
La douane russe nous aura causé moins d’inquiétude que la tempête Xynthia pour rejoindre nos montagnes ariégeoise. Mais un bon verre de Valser, et nous voici à Foix, patrie de l’ours pyrénéen et de la douceur de vivre du Sud-Ouest. Une représentation, trop court pour ce lieu qui valait bien la compétence et l’accueil moscovites. Nous glisserons vite sur Noyon, où malgré des représentations réussies, nous avons un peu souffert d’une désorganisation que l’on espère passagère pour ce beau lieu. Mais une rencontre : Willy. Et un premier record de démontage : 2h30.
Valises à peine défaites, c’est Alfortville qui nous accueille dans une trompeuse douceur printanière pour entamer une semaine marathon. A peine jouée, la représentation est remballée (second record : 2h15 de démontage) pour être prête au remontage le matin suivant à Saint-Priest, en banlieue lyonnaise. Dans ce timing serré, aucun grain de sable, mais une grosse fatigue comme on les aime dans le Collectif… Quand la technique se remet, c’est aux comédiens d’enchaîner trois représentations rapprochées, dont deux scolaires : faut-il qu’on ait envie de partager tout ça avec les enfants ! Mais avec leur belle écoute, ça valait le coup de découvrir cette rigoureuse ville communiste aux bâtiments étonnants, cette salle désuète à la magnifique architecture fleurant la IIIe République.
Dernière étape de notre tournée, La Chaux de Fonds, en Suisse. Au pays de Walser, dans la ville du Corbusier, nous étions chez nous, ou presque. Il faut ici rendre un hommage particulier au directeur technique, Thomas Jäggi, l’âme discrète des rouages de l’Heure bleue, ce théâtre à l’Italienne si attachant. De même qu’à l’équipe technique, Xavier, Laurent, tous…, d’un sens du service inégalé, ainsi que l’équipe administrative et artistique. Malgré une première scolaire un peu turbulente, le maximum a été fait pour nous accompagner, nous avons pu finir sur deux représentations que, nous l’espérons, Laure Adler aurait encore qualifiées d’une « petite bulle de champagne ». Et pour prolonger un peu ces moments particuliers, Robert s’est encore invité sous la forme d’une nuit pleine de flocons. Nous avons pu dire au revoir aux montagnes habillées d’une neige de printemps, qui toutes nous disaient qu’on allait revenir.