Tranchés, hachés, cuits et recuits, nos superhéros culinaires sont enfin à point. Pas bégueules, deux d’entre eux se livrent à vous chaque semaine, sans autre prétention littéraire que de vous amuser ou vous faire sourire. Vous reprendrez bien une louche de superpouvoirs ?
Nom légendaire : Super Poussaboir
Identité officielle : Roger Levlecoude
Sexe : masculin
Taille : 1m82
Poids : 83kg
Yeux : gris, un léger voile grenat nimbe ses iris quand il utilise ses pouvoirs.
Cheveux : roses
Peau : laiteuse
Base : Nord-Pas-de-Calais
Première apparition : 1979
Costume et apparence : tenue de barman branché, tatouage et piercing.
Type de cuisine favorite : liquide et spiritueuse.
Catégorie : super vengeur.
Ennemis : les ligues de tempérance, la sécurité routière, le Medef, le terrible Cyclofour dont il est responsable de la folie et Mister Miam (voisin frontalier) car ses pouvoirs blindent tellement le bide qu’ensuite l’ivresse est impossible.
Expression fétiche : « Alors… Qu’est-ce qu’on lui sert ? »
Nature des pouvoirs, particularité, humeur : Super Poussaboir génère des ondes mentales provoquant l’envie festive de la cuite et annihilant les schémas préventifs de base tels que : « Non, pas ce soir… demain je me lève tôt », « Pas pendant le service, j’ai réunion », « J’ai décidé de calmer un peu le jeu, au fond je préférerais un Perrier tranche », « L’alcool est un poison mortel qui ruine la santé physique et psychique des êtres »… Ainsi pousse-t-il ses victimes à s’enivrer plus que de raison et à finir tels des zombies amorphes et désinhibés, la volonté, cire molle et malléable, totalement anéantie. Super Poussaboir est libre alors de disposer de ses victimes. Il est en cela aidé par des capteurs télépathiques qui lui permettent d’appréhender à la perfection les désirs secrets d’oubli de sa clientèle et qui font de lui l’un des plus grands experts en mixologie qui soit sur terre. Son haleine est par ailleurs puissamment deliriumogène et participe, si nécessaire, à détruire les défenses de ses adversaires. Traître et sycophante comme un planteur de noce, Super Poussaboir promène un air très avenant pour mieux tromper ses victimes.
Origine des pouvoirs / Histoire :
Il naît dans le nord de la France, à côté d’une usine de spiritueux de mauvaise qualité. Firme patriarcale classée Seveso VII, faisant par ailleurs travailler toute la région, Etyl’hips comptait parmi ses employés aux chaînes de remplissage des bouteilles, Ernest Levlecoude, père de Roger, futur Super Poussaboir. Mal rémunéré, exploité, astreint à des rythmes de travail inhumain, le géniteur de ce futur super-vengeur faisait payer à sa famille – épouse et fils – les misères de sa condition sociale (schéma habituelle, sordide ô combien de la violence conjugale et de la maltraitance).
Les normes de sécurité n’étant jamais respectées par Ethyl’hips, ce que prophétisait l’inspection du travail – Cassandre sobre et pointilleuse – finit par se produire. Par un après-midi brumeux d’avril, suite à une fuite de gaz, tout le complexe vétuste explosa, soufflant les habitations sur un rayon de 3 km et réduisant toute une population au chômage, à la précarité aggravée. Le corps d’Ernest Levlecoude fut retrouvé parmi les décombres.
Mais il y eut plus grave : un nuage toxique, composé d’un mélange d’alcool extrêmement volatil et de produits chimiques ultrasecrets utilisés pour la confection de boissons alcoolisées ciblées jeunes, se répandit sur la région, soufflant ses vapeurs méphitiques à travers les foyers, corons, écoles, lycées, échoppes et jusqu’aux baraques à frites frontalières.
Tous ne moururent pas mais tous furent frappés.
La région devint zone sinistrée, peuplée de monstres décérébrés. Roger Levlecoude ainsi que sa mère, tous deux présents au moment du drame, n’échappèrent pas à cette malédiction. Et si sa mère décéda, chauve et édentée, dans les jours qui suivirent, on ne s’explique toujours pas pourquoi Roger fut le seul à retirer un avantage parapsychique de ce terrible événement.
Abruti de souffrance et de chagrin, il découvrit vite à travers les altérations qui zébraient son corps (jusqu’à changer la pigmentation de son cuir chevelu) quels pouvoirs galvanisaient son être, liant sa substance aux poisons qui avaient altéré la nature de ses gènes. Il s’aperçut alors que l’alcool était devenu pour lui le vecteur qui lui permettrait de soumettre les gens à sa volonté. Il était désormais capable de concocter le cocktail sur mesure qui lentement mais sûrement planterait ses griffes intempérantes dans les recoins les plus secrets de la personnalité de ses victimes. Il sut vite comment renverser toute les barrières raisonnables, et provoquer sur le sujet une addiction immédiate. En outre, l’organisme de Roger, symbiotique à 99% avec l’éthanol, lui permettait de générer un souffle éthéré violemment hallucinogène, poussant ses victimes dans de violentes crises de delirium tremens. En cas de grande colère, son souffle méphitique pouvait même faire sombrer ses adversaires dans les épouvantables abysses du coma éthylique, dont ils ne ressortiraient que nantis d’une fibrose carabinée.
Riche de tels pouvoirs, qu’il ne fut pas long à maîtriser, Roger Lèvlecoude prit l’identité secrète de Super Poussaboir. Il conçut le vindicatif dessein de traquer tous les actionnaires d’Etyl’hips et d’exercer sur eux, et leurs semblables, le plus terrible des châtiments. Érinye assoiffé de vengeance, l’esprit hanté par la colère, il erra ainsi à travers la France, confrontant, de bars de luxe en club branché, sa puissance à la misère sociale des exploitants et oppresseurs de tous bords.
Au cours de son errance, il découvrit alors que d’autres, tout comme lui, disposaient de superpouvoirs et en usaient selon des motifs plus ou moins éloignés des siens. Mais que sa route croisât celle du trop gentil Mister Miam qui tentait bien vaillamment de réparer et prévenir les dégâts de son éthiloforce grâce à des mixtures riches en graisse ; qu’elle croisât celle du redoutable Cyclofour qu’il acheva de plonger dans la folie ou encore celle de la troublante Candirella avec qui il contracta la plus capiteuse des alliances : rien ni personne ne fut capable de lui faire renoncer à ses projets. Il ne retint de ces confrontations qu’une amertume qui ne fit qu’entériner un peu plus sa frustration et sa soif de vendetta.
Il mène ainsi son errance, poursuivant sa traque envers et contre tout, ne laissant derrière lui qu’une rangée de caisse de cadavres. Méfiance donc, Super Poussaboir demeure plus que jamais résolu à faire payer à la terre entière les malheurs de sa condition sociale exploitée par les patrons voyous.
La suite au prochain épisode avec Dragonhydra !