Tranchés, hachés, cuits et recuits, nos superhéros culinaires sont enfin à point. Pas bégueules, deux d’entre eux (ou presque !) se livrent à vous chaque semaine, sans autre prétention littéraire que de vous amuser ou vous faire sourire. Vous reprendrez bien une louche de superpouvoirs ?
Nom légendaire : Seliman
Sexe : masculin
Taille et poids : 2,50 m, 200 kg
Yeux : noir
Cheveux : bruns
Peau : mate
Base : nomade
Première apparition : vers 1500
Costume et apparence : tunique blanche
Type de cuisine favorite : fromage, charcuterie, tout aliment chargé en sel
Catégorie : gentil
Ennemis : les capitaines de navires, les puissants, le sucre et ses adeptes, en particulier Herre Frau
Expression fétiche : « au nom du père, du fils et du sel »
Humeur, particularité, nature des pouvoirs : très émotif, Seliman est également atteint d’une pathologie hors normes, dont la principale caractéristique se traduit par un syndrome de rétention d’eau. Il est capable de libérer d’un coup tout l’élément liquide stocké dans ses capitons et crache le sel. Il noie ses ennemis et conserve les aliments en les recouvrant d’une épaisse couche de sel. Il peut également sauver le monde s’il est de bonne humeur.
Origine des pouvoirs / Histoire :
Fils d’un mineur et d’une agricultrice de la région d’Akhaba, au Soudan, Seliman passa son enfance aux abords de la plus grande mine de sel du pays. Une proximité qui avait fini par modifier son métabolisme d’une manière étrange. Chacune de ses cellules avait en effet acquis la capacité de stocker mille fois plus d’eau que la normale, lui permettant de résister des jours entiers à l’aridité de la mine et à son atmosphère brûlante, viciée par le sel.
Un matin, le prince Saldjuk vint visiter ce lieu de souffrances et de labeur avec sa nouvelle épouse Saïga. Le petit Seliman, fier de pouvoir contempler une princesse en chair et en os, ne put s’empêcher de courir vers elle en poussant des cris de joie. Il produisait à chaque pas de curieux bruits liquides, qui s’amplifiaient sous l’enthousiasme de la course du jeune enfant. Comme une sorte de mitraillette à eau… Une telle arrivée effraya Saïga qui sursauta, tomba dans un puits et mourut.
La colère de Saldjuk fut terrible : il condamna le petit garçon à mort. Le jour de l’exécution, le village entier se réunit pour tenter de sauver Seliman. Devant la sinistre potence, tous avaient amené et déposé des poulets, des œufs, des poissons et toutes sortes d’offrandes dans l’espoir d’infléchir la sévérité du prince. Devant tant de compassion, Seliman libéra d’un coup toute l’eau retenue dans son corps qui jaillit de sa bouche et de ses pores en torrents joyeux et incontrôlés. Le bourreau se noya sous la puissance du jet alors que dans le même temps les offrandes se retrouvèrent couvertes d’une épaisse couche de sel. Seliman dégonfla subitement et réussit à se dégager de ses liens. Il décida de s’exiler.
Pour quitter le pays, il se fit engager comme moussaillon sur un trois-mâts. Mais au large de la Sicile, il fut jeté par-dessus bord par le capitaine. Seliman, qui adorait boire de l’eau de mer, gonflait terriblement, déséquilibrait dangereusement l’embarcation et à chacun de ses mouvements il donnait le mal de mer à ses compagnons.
Ainsi débarqué et humilié, il flotta jusqu’à Syracuse grâce au sel ingéré et décida, une fois au port, de se venger des capitaines de navires et de tous ceux qui usent de leur pouvoir pour décider de la vie d’autrui. Restant volontairement le long des côtes, il s’entraîna à coups de jets d’eau saline à faire chavirer toutes les embarcations qui s’approchaient. L’apprenti naufrageur en ratait de nombreuses et crachait fréquemment ses doses de sel sur des cochons sauvages, nombreux dans cette région.
Absorbé dans son entraînement intensif, il ne remarqua pas qu’une jeune paysanne l’observait et le suivait. Fascinée par ce géant naïf aux pouvoirs aussi étranges que surpuissants, elle récupérait sur les pas de Seliman les cochons salés. Elle se mit à les collectionner et s’enticha de ce jeune homme mystérieux. Ce n’est que plus tard qu’elle découvrit que ces animaux ainsi conservés devenaient comestibles, notamment s’ils étaient dépecés et tranchés finement. Prenant alors son courage à deux mains, elle alla à la rencontre de Seliman et lui fit part de sa découverte et de ses sentiments. Las de cette trop longue solitude, il l’accueillit à bras ouverts mais ne put retenir son émotion. La jeune fille fut catapultée et Seliman ne put que la regarder disparaître dans les airs. Nul ne sut jamais où elle atterrit mais il est sûr qu’elle dut traverser plusieurs mers avant de s’écraser.
Dévasté par ce drame soudain et immérité, Seliman erra dans le maquis sicilien. Des paysans le trouvèrent et le recueillir alors qu’il se laissait mourir de chagrin. Ils écoutèrent les récits de Seliman et l’encouragèrent à reprendre le combat. D’entraînements au tir en discussions politiques, le moral de Seliman regonfla ainsi que ses réserves aqueuses. Les paysans du mouvement « Morte Ai Francesi Italia Anela », autrement nommé MAFIA, transformèrent Seliman en un véritable tireur d’élite, foudroyant ses victimes de rafales d’eau ou de sel…
Gonflé à bloc, il reprit son chemin. Arrivé aux abords de l’Etna, Seliman découvrit une scène apocalyptique : le volcan crachait des coulées de lave et les paysans fuyaient dans des mouvements de panique incontrôlée. Seliman visa alors le sommet du volcan et éteignit l’éruption en quelques minutes. Un nuage de fumée pétillante se dégagea du cratère encore frémissant. En rentrant en contact avec la lave incandescente, l’eau salée propulsée par le héros se transformait en eau pétillante. Les habitants du petit village de Pellegrino ainsi délivrés d’une mort certaine, érigèrent Seliman au rang de dieu vivant et le couvrirent de présents et de charcuterie.
Enfin honoré et reconnu, Seliman décida sans attendre de se nourrir exclusivement de cochonnailles et de se convertir au plus vite au catholicisme. Les cochons étaient devenus ses amis.
Il continua sa route jusqu’à Rome où il demanda à être baptisé. Se heurtant au scepticisme des prêtres romains, dubitatifs devant cet énorme personnage basané voulant communier, Seliman, rageur, perdit les eaux et sépara Le Vatican de Rome par une rivière.
Encore furieux, il décida de se rendre à Parme, où le pape Paul III résidait, pour lui parler de cette intolérance inacceptable. Là, il se gava de jambon cru salé et demanda à rencontrer le saint Pontif. Le souverain, apparemment sourd à ses paroles, connut lui aussi la colère de Seliman. Il fut éjecté dans les eaux du Pô et ne fut secouru que par des pêcheurs de la ville de Trente où il réfléchit aux paroles de Seliman et décida de réunir un concile… Loin d’avoir trouvé la paix, en bute avec l’intolérance, Seliman, déclenchant toujours sur son passage crues dévastatrices et guerres de religions, poursuit encore sa route, errante et chaotique.
La suite au prochain épisode avec Mademoiselle Rôti de Chanel !