La cuisine de Jabalità

Après un mois de carême bien mérité, vous reprendrez bien une louche de superpouvoirs ?


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Nom légendaire : Jabalità (dite aussi la Femme Sanglier des lointaines steppes mongoles)

Identité officielle :
Josiane Fouisse

Sexe : féminin

Taille /Poids :
1m75 / 190kg

Yeux : noirs et brillants.

Cheveux / peau : Jabalità est entièrement recouverte de soies brunes et raides, il n’est pas possible de voir sa peau.

Base (localisation spatiale) : forêt solognote

Première apparition (localisation temporelle) : autour des années 1900

Costume et apparence :
son épaisse toison rend tout costume inutile… Par pudeur sa mère adoptive tente de lui faire porter un soutien-gorge et une gaine couleur chair, mais Jabalità n’aime pas trop et préfère opter pour un simple tablier de cuisinière.

Type de cuisine favorite :
cuisine du terroir.

Catégorie : porcinoïde bienveillante susceptible.

Ennemis :
les montreurs de monstre de foire, dont le mystérieux Agison Barnominus, les chasseurs, la déforestation et Rita la Vieille Canne dont elle a malencontreusement tué le mari.

Expression fétiche :
« Gron gron grooooaaaarrrh moi contente grooorh ».

Nature du pouvoir, particularité, humeur :
femme sanglier, Jabilità est dotée d’un flair surpuissant, d’une force herculéenne, d’un instinct de survie surdéveloppé, d’un caractère très sourcilleux et d’un système pileux à toute épreuve. Les poils rêches qui lui couvrent le corps ainsi que les deux défenses courbes qui lui sortent de la bouche lui donnent un air particulièrement rebutant. Qu’on ne s’y laisse pas prendre : quoique violemment caractérielle, avec un peu de doigté, Jabalità se révèle être une personne douce et dévouée.


Origine des pouvoirs / Histoire :

Congénitalement atteinte du syndrome porcin, pathologie génétique altérant les glandes endocrines, déréglant le système pileux et modifiant la physionomie, celle qu’on connaîtrait un jour sous le nom de Jabalità, fut, dès sa naissance, abandonnée dans les bois par des géniteurs perdus de honte et d’horreur (malgré d’intenses recherches, leur identité demeurera inconnue). Nourrisson livré à lui-même aux tréfonds d’une forêt solognote inamicale, l’enfant ne dut sa survie qu’au secours d’une laie dont la dernière portée de marcassin avait été tuée par d’affreux chasseurs. Elle grandit ainsi au sein d’une horde de sangliers, tapie au fond des bois, et acquit auprès de sa mère adoptive toutes les qualités que sa condition physique congénitale lui offrait. Femme des bois au flair infaillible, Jabalità a développé un sens très aigu de la vie sauvage et de la survie en milieu hostile. Elle révéla par ailleurs (son côté le plus humain peut-être) un grand sens dans l’apprêt d’aliments que les sangliers sont plutôt réputés engloutir n’importe comment. Ainsi peut-elle par exemple cuisiner avec raffinement des produits au départ peu ragoûtants et confectionner un plat à se pourlécher les babines. Dans un autre domaine, elle sait aussi construire une tanière de 70m² tout confort, à l’épreuve des intempéries, et ce, en quelques minutes. C’est peu dire que sa horde familiale l’adorait.

Mais son destin n’était pas de vivre dans les bois éternellement.
Alors que la tempête de 1904 l’avait poussée à chercher dans les potagers civilisés de quoi composer une terrine de légumes pour nourrir les siens, l’enfant sauvage fit la rencontre fortuite d’un couple de retraités – les époux Fouisse.
Ces derniers avaient jadis eu une enfant naine, qu’ils ne se pardonnaient point d’avoir, poussés par la misère, vendue à un montreur de monstre de foire, le sulfureux Agison Barnominus. Voyant en l’infortunée porcinoïde une rédemption que leur offrait le Seigneur, émus par son sort, les Fouisse décidèrent de l’adopter et de lui inculquer quelques rudiments de civilité. En effet, la créature s’exprimait essentiellement par des grognements. Comme, lorsqu’ils la découvrirent le groin humide fouillant leurs laitues, la pauvre sauvageonne ne portait sur elle, en tout et pour tout qu’une médaille de Sainte Josiane autour du cou, le couple Fouisse décida de la baptiser ainsi. Oh bien sûr, l’éducation de Josiane ne fut pas de tout repos. Il fallut apprivoiser cette géante velue à groin frémissant qui saisissait chaque occasion pour retourner se vautrer parmi les siens dans la boue et l’humus de la forêt.
Mais un jour, alors qu’elle fuguait pour la trentième fois, elle croisa – pour son malheur – l’incroyable caravane du cirque de curiosité d’Agison Barnominus. Ce dernier la mit sitôt en cage et l’exhiba de ville en ville, proclamant à qui voulait l’entendre que pour quelques sous, l’on pourrait admirer Jabalità la femme sanglier issue des lointaines steppes asiatiques. Au sein de la troupe, Josiane fit la connaissance d’une naine qui ressemblait étrangement à sa mère adoptive et qui fut chargée de la nourrir. Un troublant lien d’amitié se créa entre elles deux.
Les années passèrent.

Un soir, Agison Barnominus imagina de la faire sauter à travers plusieurs cercle enflammés. Écumant d’épouvante au fond de sa cage dont l’issue était bouchée par les flammes, affolée par les claquements de fouet et les cris du public horrifié et fasciné par la créature grondante, Jabalità commit l’irréparable. Laissant libre cours à sa force herculéenne elle brisa les fers de sa cage et se rua dans les gradins cherchant à prendre la fuite. Tentant de se frayer un chemin au milieu d’une foule en panique, elle finit par saisir un des spectateurs à la gorge et le fit tournoyer autour d’elle, réussissant par cela à sortir du chapiteau. Hélas, le cadavre désarticulé qu’elle laissait derrière elle n’était autre que le Grand Roger, époux de Rita la Vieille Canne, sorcière aux pouvoirs redoutables, qui lui voua désormais une haine implacable.
Jabalità s’enfuit d’abord jusqu’au Pays basque où elle croisa la route de Poil, puits de bonté et de douceur qui sut lui redonner confiance en la vie et l’humanité, et auprès duquel elle améliora ses talents de cuisinière. Apaisée, soucieuse de retourner auprès des siens, elle utilisa son incroyable flair pour retrouver le chemin de sa forêt solognote. Elle chercha d’abord le réconfort de sa horde, mais elle découvrit que ses années de captivité avaient profondément altéré sa nature sauvage : elle était désormais trop civilisée pour vivre tapie dans un terrier. Ses parents adoptifs lui tombèrent dans les bras et accueillirent son retour avec des larmes de joie.
Elle partagea désormais sa vie entre les Fouisse et sa famille porcidé, se confrontant peu à peu au monde des humains… Ignorant encore qu’il lui faudra un jour retrouver sa sœur adoptive, revoir Poil son tendre amour, se confronter à Rita la Vieille Canne et devoir à nouveau affronter l’effrayant Agison Barnominus… Mais ceci est une autre histoire.

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