Tranchés, hachés, cuits et recuits, nos superhéros culinaires sont enfin à point. Pas bégueules, deux d’entre eux se livrent à vous chaque semaine, sans autre prétention littéraire que de vous amuser ou vous faire sourire. Vous reprendrez bien une louche de superpouvoirs ?
Nom légendaire : Bonnich Girl
Identité officielle : Carlotta Papin
Sexe : féminin
Taille / Poids : 1m69 / 52kg
Yeux : noirs, quand ses pouvoirs se manifestent, ils se nimbent de reflets opalins.
Cheveux / peau : noirs / rougeaude. Quand ses pouvoirs se manifestent ses cheveux deviennent roux et sa peau dorée. Peu s’en rendent compte, car le propre des domestiques est de ne pas se faire remarquer.
Base : Paris (triangle NAP)
Première apparition : 1915
Costume et apparence : tenue de soubrette archétypale.
Type de cuisine favorite : simple, bonne, un rien sophistiquée mais toujours bon marché.
Catégorie : Super gouapeuse sans scrupule.
Ennemis : la ligue des domestiques serviles, Miss Patroness et surtout la terrible Rôti de Chanel (sa pire ennemie).
Expression fétiche : « Madame est servie ».
Nature du pouvoir, particularité, humeur : Bonnich Girl est glandoléthale : elle sécrète une salive puissamment narcotique dont un seul postillon suffit à endormir huit personnes. Dotée du don d’ubiquité, elle peut se trouver à deux endroits en même temps, ce qui est très pratique pour le ménage et les alibis. Elle possède par ailleurs un talent de pickpocket hors pair. Hypocrite, vicieuse et sournoise, elle signe tous ses méfaits avec la carte de visite de ses employeurs successifs. Dissimulatrice de nature, Bonnich Girl ment avec une conviction troublante et cache sa rouerie derrière le masque humble et soumis de la perle que tout le grand monde s’envie.
Origine du pouvoir et histoire :
Fille naturelle du vidame Augustus de Saint-Chrême et d’Irène Papin, sa femme de chambre, Carlotta naquit dans les faubourgs populaires de Paris. Sa mère sitôt le ventre rond avait promptement reçu ses huit jours de la terrible épouse de son cuisseur.
Irène Papin, désespérée, sans feu ni lieu, tomba sous la coupe d’un marlou sans foi ni loi. Proxénète, receleur, surineur et volontiers gigolpince, Henri Lapointe dit Riton Bomâle la prit sous sa protection et lui fournit assez de laudanum pour oublier ses malheurs.
Établie comme prostituée place Ménilmontant, Irène fantina jusqu’à son neuvième mois. De passe en passe, le fiel et le laudanum altérèrent à tout jamais la nature de l’enfant à naître. L’alcool d’opium dissociant de plus en plus son esprit chagrin de ses pieds fatigués, la Papin oublia jusqu’à la ruine de son existence.
C’est un soir d’orage qu’Irène fut à jamais délivrée. Alors qu’arpentant le trottoir elle perdait les eaux, la pauvrette fut frappée par la foudre et mourut sur le coup. Mais sa fille naissante ne l’entendait pas de cette oreille. L’éclair regroupa dans le corps du petit être toute la vie déjà fuyante de la belle de nuit. Une averse de photons fusionna le laudanum à la nature génétique de l’enfant, l’immunisant contre les méfaits de l’opiacée et imprégnant ses glandes salivaires de substance toxique. Le flash foudroyant créa un lien métapsychique entre son cortex et ses cellules musculaires qui lui permettrait plus tard de disposer de deux corps reliés au même cerveau. Penchée sur son berceau de pavés boueux, la fée Electricité venait d’offrir à Carlotta les pouvoirs nécessaires pour conquérir sa place dans le monde.
Riton Bomâle et sa cour des miracles miniature campèrent pour la fillette une famille de substitution, lui inculquant tous les hauts savoirs de l’escarpe. À cinq ans, Carlotta mentait, volait, escroquait aussi bien que les meilleurs limiers de la truanderie. Elle grandit ainsi, bercée par les contes des gourgandines des mauvais faubourgs, où sa mère prenait la place des tristes héroïnes des chansons réalistes. Elle apprit alors à haïr ceux qui l’avaient poussée à naître au milieu des pavés.
1924 : Pincé en plein vol, Riton Bomâle dut partir prendre l’air des colonies océaniques. Sa petite clique dispersée, sa fille adoptive fut placée comme chambrière dans une bonne maison de l’avenue de Breteuil. Elle venait d’avoir 9 ans.
C’est au cours de son apprentissage ancillaire que Carlotta découvrit ses pouvoirs et prit peu à peu conscience de l’usage qu’elle pourrait en faire. Dame, voler les verroteries de Madame, tout en cirant son parquet, quelle exaltation ! De place en place, elle améliora sa technique, construisant peu à peu l’implacable personnage de Bonnich Girl, orfèvre des gouapes et des monte-en-l’air.
Aussi, c’est en perle accomplie qu’à 17 ans elle prit son service chez la canoniquement vieille veuve du vidame de Saint-Chrême. Bonnich Girl fit alors son entrée dans les annales du crime en commettant son premier meurtre. Elle n’avait jusqu’alors utilisé sa salive que pour endormir ses victimes afin de mieux les dépouiller. Mais le bourreau de sa destinée méritait un sort plus sévère ; c’est toute sa haine que Carlotta cracha dans la soupière. Celle qui jadis livra sa mère à la fange des caniveaux engloutit inconsciemment son dernier consommé d’asperges avant de sombrer dans son dernier sommeil.
Bonnich Girl écume depuis les beaux quartiers parisiens, perle pervertie de la domesticité, qui drogue les mets qu’elle prépare à la perfection, vole ses patrons et laisse leur maison impeccable de la cave au grenier… La goupineuse demeure à ce jour impunie, car qui se méfierait d’une telle fée du logis ?
La suite au prochain épisode avec Ratata Reine de Kiche !