La Cuisine de Cyclofour

Tranchés, hachés, cuits et recuits, nos superhéros culinaires sont enfin à point. Pas bégueules, deux d’entre eux se livrent à vous chaque semaine, sans autre prétention littéraire que de vous amuser ou vous faire sourire. Vous reprendrez bien une louche de superpouvoirs ?

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Nom légendaire : CycloFour

Identité réelle : Hubert Dodunova

Sexe : Masculin

Taille : 0,75 m

Poids : 60 kg

Yeux : gris/rouge (rouge vif quand il utilise ses pouvoirs)

Cheveux : flammes noires et rouge

Peau : incandescente

Base : Mobile

Première apparition : 1981

Costume et apparence : costume de céramique et de pyrex. De couleur rouge écarlate.

Type de cuisine favorite : grillade, barbecue, feu de bois et four traditionnel.

Catégorie : Super Vilain et teigneux

Ennemis : le carpaccio, tout ce qui est cru de manière générale.

Expression fétiche : « Quelle cuisson ? »

Humeur, particularité et nature des pouvoirs : Cyclofour exprime sa personnalité dans la méchanceté gratuite et l’aigreur de sa vie ratée. Il est très revanchard, cruel et veule. Il doit cette haine d’autrui aux lésions qui le défigurent. Son visage calciné, laisse à peine entrevoir les vestiges de son humanité passée. Le reste de son corps est couvert de prothèses bioniques.

Il crache le feu en chaleur tournante. Il contrôle les infrarouges et les restitue en une source d’énergie ultra-cuisante. Il sait tout faire : grill, micro-onde, vapeur, friture, rôtisserie. Cyclofour répond aux critères « qualité/environnement ». Les scientifiques lui ont attribué le certificat « Classe A » en raison des économies qu’il réalise. 60% d’électricité en moins par rapport à ses concurrents (Sulfura de Seb, Crématorio de Black et Decker…).


Origine des pouvoirs / Histoire :

Fils de Super Dodu et de Mamie Super Nova… Hubert avait tout pour être un grand super héros de la cuisine française. Mais voilà, septième enfant de la famille, il naquit nain, laid et sans aucune prédisposition culinaire. Peureux et chétif, Hubert était un garçon introverti et craintif. A l’adolescence, Mamie Super Nova décida de l’enhardir en l’envoyant en colonie de vacances en Saône-et-Loire. Comme chacun le sait, ce département est resté durant de nombreuses années une zone sinistrée. Constamment sous les eaux, la ville de Mâcon a même été surnommée la « vilaine Venise ».

Les anciens mâconnais racontent qu’il y a fort longtemps le département a été miraculeusement sauvé des eaux et asséché. Selon la légende un tri-thon (homme poisson doté de trois têtes disgracieuses vulgairement maquillées) aurait dissimulé dans l’église Saint-Clément une pierre ensorcelée, qui renfermait dans ses cristaux la puissance du feu des fournaises. Son rayonnement était si fort que le soleil, qui ne voulait pas avoir l’air d’une vulgaire ampoule de salon, préférait s’éteindre quand on la sortait. La puissance des fournaises si modestement contenue dans la pierre avait pané plus d’un des congénères de notre tri-thon aux cheveux soyeux et au teint orangé subtilement souligné de gloss et d’ombres à paupières fuchsia et anis. Son peuple, incapable de maîtriser la gemme magique fut ravagé par de nombreuses catastrophes. Ils mandèrent finalement le plus valeureux de leurs guerriers pour éloigner le danger que représentait ce pouvoir. Le poisson fardé se faufila au gré des courants. Il cherchait un lieu abandonné et inondé. C’est dans l’église Saint-Clément qu’il trouva la cachette idéale. Il abandonna son sinistre fardeau dans le nombril d’une statue rongée par les eaux. La force mystique du feu combinée à l’intervention divine de Saint-Clément permit ainsi l’évaporation des eaux de Mâcon. Le miracle rendit à la cité ses lettres de noblesse et elle fut de nouveau considérée comme une ville.

Mais revenons à Hubert. Profitant de sa petite taille, il visita un jour la bâtisse en prenant des chemins de traverses. Il arriva dans la crypte puis dans les catacombes. Soudain, à porté de main, une gemme irradiait une lueur d’un rouge mystérieux. C’était la légendaire pierre du Feu des Fournaises qui protégeait le département des périls fluviaux. Comme hypnotisé, Hubert céda à la tentation de s’en saisir. A peine l’avait il extraite du mur, qu’une explosion cataclysmique ravagea le bâtiment et une inondation terrible emporta tout sur son passage. Le soleil, tout palot et rose de honte, s’éclipsa à toute vitesse derrière la lune. Le jeune homme fut soufflé par l’explosion jusqu’en Belgique. Il finit sa chute en percutant tel un boulet de canon une petite échoppe de vendeur ambulant. Il s’agissait de la baraque à frites de Monsieur Miam. Dans sa grande bonté, le célèbre cuisinier belge le recueillit et le soigna de son mieux.

Mais Hubert était défiguré. Les violentes radiations auxquelles il avait été exposé avaient modifié à jamais son métabolisme.

Après plusieurs années de coma, il finit par être remis sur pieds et ragaillardi par les gargantuesques mets de Miam. Hubert avait profondément changé. Il était devenu très colérique et belliqueux. Il se querella avec Miam à cause de la lourdeur de sa cuisine et de ses bruits gutturaux. Il est vrai que le système digestif si complexe de Miam avait l’inconvénient de laisser planer des heures durant des bruits coriaces d’évier bouché ou de ronronnement de frigo. Il ne supportait plus non plus que son hôte saute quotidiennement dans sa baignoire remplie de saucisses et d’huile. Sa manie de répéter : « miam miam miam miam miam » devant les corps gras ou les poêles rissolantes lui était odieux.Il fulminait et décida de partir. Dans son errance, Hubert ne se rendait pas compte que tout sur son chemin se calcinait petit à petit. Rempli de désespoir, il erra longtemps avant de trouver refuge dans un bar dérobé. Abandonnant sa tristesse et sa solitude dans d’amphigouriques et brumeux breuvages, il s’aperçu trop tard qu’il était victime de Super Poussaboir. Un être malfaisant dont les pouvoirs éthyliques pouvaient égarer les âmes dans la folie. Ces boissons maléfiques lui firent perdre la tête et ce qui lui restait d’humanité. En un éclair, une personnalité infernale se réveilla. Hubert s’était à jamais envolé laissant sa place au malveillant et redoutable Cyclofour.

Brutal, furibond et calculateur, il imagina tout au long de sa vie de multiples recettes et plans machiavéliques pour soumettre le monde à son pouvoir. Il souhaitait prendre une revanche sur ses talentueux parents. L’un de ses plans les plus connus reste la création d’un four piégé très peu cher et terriblement performant. Son cerveau malfaisant et perfide avait fomenté un stratagème dont les ménagères crédules et soumises étaient la pièce maîtresse. Prenant appui sur le savoir-faire des réseaux de vendeuses de Tupperware et sur la déferlante des émissions radiotélévisées, il inventa la réunion Tupperware à distance. Nous la connaissons plus sous le nom de téléshopping. De cette façon, Cyclofour s’invita dans les familles du monde entier. Il proposa à Maryse – un tri-thon par deux fois décapité – de présenter son émission. Une fois la confiance des ménages gagnée, il commercialisa un produit de son invention. Il s’agissait d’un four révolutionnaire. Le « Céleste Calor, platinium révolution ». Inspiré par son propre accident, il utilisa les infrarouges pour cuire la nourriture de l’intérieur. Le four s’attaquait à n’importe quelle viande plus rapidement qu’un micro-onde et sans dégeler préalablement la nourriture ! Rien, du bifteck à la grosse dinde, ne lui résistait. Et par-dessus tout, il était très facile d’entretien et léger comme une plume. En résumé un petit bijou de technologie. Programmé pour tuer… L’ignoble secret du « Céleste calor, platinium révolution », c’est qu’il contenait un arsenal explosif ultra-cuisant. Tous les appareils habilement raccordés les uns aux autres allaient exploser au même instant, cuisant instantanément toute forme de vie sur la surface de la Terre. Le carnage fut évité de justesse grâce au bug de l’an 2000 qui ne permit jamais aux horloges des fours de dépasser le XXe siècle. La surconsommation fit le reste puisque le « Céleste calor, platinium révolution » fut détrôné des cuisines par l’arrivée massive des « pierrades » et autres rotogrill super crisp à ondes cycloniques.

À peine affecté par cet échec, Cyclofour se remit derrière son chevalet pour mijoter et édifier de nouveaux plans cruels et sanguinaires. Nous vous en avertissons : Mesdames, ne regardez plus vos fours comme de simples objets serviles et complaisants ! Sachez qu’ils ont un chef fanatique, un maître diabolique et carnassier qui ne rêve que de vengeance et calcination.


La suite au prochain épisode avec Candyrella !

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