La Cuisine de Dragonhydra

Tranchés, hachés, cuits et recuits, nos superhéros culinaires sont enfin à point. Pas bégueules, deux d’entre eux se livrent à vous chaque semaine, sans autre prétention littéraire que de vous amuser ou vous faire sourire. Vous reprendrez bien une louche de superpouvoirs ?

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Nom légendaire : Dragonhydra, « Déesse des bouches en feu »

Identité réelle  : inconnue

Sexe : féminin

Taille et poids : environ 1,70 m sur Terre et 2,20 m dans l’eau ; environ 60 kg sur Terre et 95 kg dans l’eau.

Yeux : noirs sur terre ; turquoise dans l’eau

Cheveux : ébène sur Terre ; blonds platine dans l’eau

Peau : hâlée sur Terre ; diaphane dans l’eau

Base : Indonésie

Première apparition : autour de 1160

Costume et apparence : mi-femme, mi-sirène, mi-dragon. Sa tête de femme est dotée d’une bouche fumante, son torse athlétique devient opalescent au contact de l’eau et se pourvoit de nageoires latérales puissantes, sa queue de poisson aux teintes pourpres et phosphorescente est munie de capteurs thermiques ultrasensibles (elle est frileuse)

Type de cuisine favorite : cuisine épicée aux saveurs âcres, chaudes, lourdes et poivrées.

Catégorie : méchante

Ennemis : Meta Beau, la pêche au harpon les nuits de pleine lune, les marées noires et les surfeurs.

Expression fétiche : « La moutarde me monte au nez ! »

Humeur, particularité, nature des pouvoirs : D’humeur changeante, mais toujours farouche, Dragonhydra est une nageuse invétérée et hors pair. Dans l’eau, l’association de ses nageoires caudales et latérales lui permet d’atteindre une vitesse de pointe de 300 nœuds. Elle peut ainsi parcourir le monde en moins de 80 jours. Sur terre, Dragonhydra fait jaillir de sa bouche, au choix, des flammes terribles ou une épaisse fumée blanche. Ce qui lui permet de cuire, griller et fumer à souhait, mais également, et en toute simplicité, de réduire en cendres ou d’emprisonner dans un brouillard éternel ses ennemis.


Origine des pouvoirs / Histoire :

En 1138, une éruption volcanique sous-marine dans l’archipel de l’Insulinde a donné naissance à un minuscule paradis terrestre, berceau de la légende d’une étrange sirène cracheuse de feu… On raconte qu’à cette occasion, une jeune femme tombée d’un bateau, fille cadette d’un dangereux et non moins célèbre pirate australien, fut recrachée par la mer bouillonnante et s’échoua sur l’îlot brûlant formé au lendemain de l’éruption. Le magma remonté des abysses, gorgé de silice, avait dissout poissons et autres mammifères marins dans un périmètre de plusieurs kilomètres, tandis qu’en quelques heures une végétation luxuriante avait poussé sur l’îlot. La jeune miraculée reprit conscience au milieu d’herbes folles, de plantes aromatiques sauvages aux odeurs entêtantes et d’arbres fruitiers en fleur.

Grâce à ses nouvelles caractéristiques anatomiques faisant d’elle une virtuose de la natation en haute mer, la naufragée n’eut aucun mal à se nourrir de poisson qu’elle allait chercher au large. D’une rapidité prodigieuse mais néanmoins trop frileuse pour s’aventurer en eaux froides, elle entreprit également de chasser le requin et la baleine près des côtes australes, africaines et méditerranéennes. De ses expéditions, elle ramena sur son île toutes les épices utilisées en cuisine de par le monde : clous de girofle, cumin, coriandre, cardamome, badiane, gingembre, fenouil, réglisse, câpres, safran, cannelle, moutarde, noix de muscade, curcuma, vanille, poivre, paprika… et ce, bien avant l’arrivée des Sultans arabes et des Hollandais dans la région. Les autochtones des îles voisines la nommèrent bientôt la « Déesse des bouches en feu » car une fumée piquante émanait en permanence de son logis, où elle cuisinait beaucoup mais n’invitait jamais personne. La solitude avait fini par la rendre plus méchante encore que son géniteur et les marins aventureux qui se risquaient à l’approcher ne rentraient jamais chez eux, perdus à jamais dans le brouillard maléfique que la déesse, connue aussi sous le nom de Dragonhydra, produisait en un effrayant cri silencieux. De sa bouche fumante pouvaient également surgir des flammes gigantesques. C’est d’ailleurs ainsi que, par le plus grand des hasards, elle a un jour détruit l’île natale du célèbre Meta Beau. Se méfiant des pêcheurs qui cherchaient à la harponner alors qu’elle partait à la recherche de sa nourriture favorite, elle décida en effet de détruire les principaux ports de pêche situés entre l’équateur et le tropique du Capricorne. Mais la jeune femme qui avait su très vite utiliser son nouveau corps de sirène, était encore maladroite dans ses superpouvoirs terrestres et réduisit ainsi à néant toute l’île de Meta Beau après qu’elle eut craché ses flammes en direction de la zone portuaire. Ce dernier, traumatisé par cette catastrophe, lui voua à jamais une haine absolue…

La maîtrise de ce terrible pouvoir, au demeurant si pratique en matière d’art culinaire, demanda donc plusieurs années d’efforts à Dragonhydra. Une fois son feu canalisé elle cibla ses attaques, détruisant plusieurs milliers de baleiniers et quelques chalutiers au passage. Afin de se reposer un peu, elle se lança également sur son île dans l’élevage de volailles qu’elle pouvait plumer d’un jet de flamme et agrémenter de ses condiments favoris.

La déesse du feu est toujours vénérée dans l’archipel, bien que son îlot ne soit plus localisable. On retrouve jusqu’en Australie son image gravée sur des morceaux de bois poli qui servirent durant des siècles au commerce des épices et aujourd’hui encore, dans les îles indonésiennes, des marins, des touristes et des explorateurs disparaissent… La télévision indonésienne a récemment fait mention d’une expédition secrète baptisée DBF au cours de laquelle trois scientifiques auraient péri. Leur sous-marin a été retrouvé vide, incendié au cœur de la forêt tropicale de Bornéo à plusieurs kilomètres de la côte après qu’une vague déferlante a frappé le sud de l’archipel. Dragonhydra ?


La suite au prochain épisode avec Cyclofour !

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