La particularité de notre travail, vous le savez depuis le temps mais tout de même je le répète pour celles et ceux qui sont à côté du radiateur : c’est la pluridisciplinarité. C’est un mot devenu un peu fade avec le temps mais dans notre cas il est difficile de décrire notre approche différemment. Et nous ne sommes pas fades du tout (cessez d’être désagréables !) , nous sommes même assez délicieux. Il est vrai que l’on pourrait utiliser le mot transdisciplinnaire. C’est proche de transmédia qui est encore un peu à la mode en ce moment. Bien que j’aimerai dire que nous faisons des oeuvres experientielles (le top du IN dans les salons culturels en visioconférence) mais ce n’est pas vrai. On pourrait aussi se plaire à parler d’hybride mais là on touche à l’imaginaire de la botanique voire des OGM et on va totalement vous perdre. Donc on fait des spectacles qui convoquent sur scène plusieurs disciplines, techniques et savoir-faire. On adore ça et ça nous pousse à sans cesse nous réinventer.
Notre approche est collective dans la genèse des projets et vous savez aussi que nous sommes organisés autour d’un metteur en scène : Michaël ; pour que les projets puissent converger de façon plus forte vers la scène.
La place de Michaël n’est pas chose aisée et je vais essayer de vous en donner une perspective. Il doit partir d’une vision commune avec Annabelle et Damien puis prendre le relai en faisant passer à cette « vision rêvée » le cap de la réalité de la création. Vous vous doutez bien que c’est affreusement compliqué, semé d’embûches, très excitant, grisant et que cela demande de passer à la vitesse de la lumière d’une tâche à l’autre. Je dirai même plus, cela demande l’audace et la dextérité d’une patineuse artistique.
Il faut superviser l’écriture car nous sommes toujours soit dans des adaptations de textes soit dans des créations pures de dramaturgies. Il faut s’intéresser et comprendre toutes les disciplines que l’on met en scène : Cinéma, Théâtre, Vidéo, Cirque, Art plastique, Graphisme, Musique, Jeu vidéo, Tricot, Cuisine etc. Pour ensuite les diriger en même temps lors des répétitions. Et oui… si non ça ne serait pas drôle. On pourrait choisir de vous balancer un diaporama powerpoint sur un écran blanc en vous expliquant combien nous sommes vintage et tout le tralala ringardosse de la justification moisie. Mais pas du tout. Ce que l’on aime c’est que la vidéo affecte l’espace, que l’espace joue avec les interprètes, que la musique passe du film à la scène et que les codes de jeux soient affectés par autre chose que de grands discours sur la science et le mysticisme de l’acteur mais plus par l’expérience qui surgit des interactions entre les disciplines. Et ça, c’est passionnant, déstabilisant, ça donne (pardon de le dire) des spectacles uniques. Toutefois, c’est affreusement compliqué à réaliser. Surtout, soyons francs avec l’économie qui est la notre. Et Michaël dans tout ça ? En gros tout ça c’est son job. Facile non ? Ajoutez à ça, la gestion du budget, de la relation aux partenaires et la non moins simplissime relation aux créateurs et créatrices qui comme nous le savons tous est la chose la plus aisée du monde quand on en est un soi-même.
Alors il jongle d’une casquette à une autre : metteur en scène, réalisateur, directeur artistique etc. Depuis quelques créations maintenant il est accompagné par Julie qui vient à ses côtés pour assurer la continuité de la dramaturgie et de la direction d’acteur. Une approche en binôme qui aura permis d’aller plus loin dans nos création et d’apporter à tous une respiration quand Michaël est absorbé par une question épineuse de bascule dans une scène d’une discipline à une autre et qu’il ne peut pas tout regarder ou commenter en même temps. Julie lui apporte donc ce fil tendu avec le travail de plateau, son regard affuté et sa bienveillance.
Voilà donc notre fine équipe salto, triple vrilles et double loops piqué. Celle qui met en symphonie nos rêves, nos désirs collectifs de spectacles et de belles histoires. Rendez-vous en Novembre 2020 pour Mais regarde toi !