Il est des personnes qui préfèrent l’ombre à la lumière, jusqu’au jour où leurs Taties et leur Oncle d’adoption les entraînent dans des aventures théâtrales et internationales… Si vous avez pu m’apercevoir sur le plateau de Sir Semoule (dans le coin à droite), sachez que le théâtre ne fait pas partie au départ de mon univers… un univers plutôt fait d’images et de matières que l’on nomme couramment « plastiques ». De la maternelle au collège, mes activités favorites sont par exemple de mettre les mains dans la boue, de confectionner des truffes au chocolat puis de fabriquer des objets en pâte Fimo. Je m’essaie un temps à la musique mais la peinturlure l’emporte et, après avoir réalisé en gouache un ciel d’orage en format A4, mon professeur de dessin s’accorde avec Chantal, ma maman, pour m’envoyer en seconde littéraire option arts plastiques. Tout cela se passe en terre picarde, du côté de Beauvais. La période du lycée est l’occasion d’expérimenter les coulures, la peinture au plâtre et au cutter… Je découvre alors avec passion l’art contemporain et m’en vais très naturellement à la faculté des arts à Amiens pour entamer un interminable cycle d’études supérieures… En 1997 je rencontre Françoise Parfait (professeur d’art vidéo), l’œuvre de Bill Viola (vidéaste incontournable) et un certain Michaël Dusautoy…
Après un intermède de six mois aux Beaux-Arts de Braunschweig en Allemagne, où je passe la plupart de mes nuits dans une salle de montage U-matic à bidouiller des images vidéo, je commence, de retour à Amiens, une Maîtrise sur le médium électronique. Dix ans plus tard, je vis à Paris ; Françoise Parfait a fait partie le 23 juin dernier de mon jury de thèse portant sur la part d’ombre de mes vidéos – entendez à la fois part d’imaginaire cinématographique et matériel (et donc plastique) de la vidéo ; Bill Viola s’est lancé dans l’Opéra et la vidéographie de studio (chacun son truc) ; tandis que Michaël et ses acolytes entraînent depuis bientôt cinq ans le Collectif Quatre Ailes vers des aventures toujours plus ambitieuses. Outre mon amitié avec Michaël, voici enfin comment je suis devenue membre du Collectif : Après de multiples expérimentations électroniques communes l’année de notre Maîtrise (cf. la photo de notre soutenance un même jour de l’année 2000), Michaël et moi collaborons en 2002 à la réalisation des vidéos pour le spectacle Suzanne, puis en 2004 à celles de Sir Semoule.
A cette époque je travaille sur ma thèse et donne quelques heures de cours à la fac de Rennes après m’être risquée dans plusieurs collèges… Puis je rejoins le Collectif de manière plus régulière, après une représentation de Sir Semoule en 2005 ; c’était l’été, à Moutiers-au-Perche, fief de Chantal, une date champêtre inoubliable qui marque donc ma toute première apparition sur une scène de théâtre (dans le petit mais incontournable rôle du « marmiton régisseur lumière et vidéo »).
Ensuite, il y a l’aventure internationale et nationale que vous connaissez et à laquelle je participe ardemment, mais aussi le nouveau spectacle du Collectif (révélé dernièrement sous le nom de projet RW) qui commence à pointer son nez cette même année 2005… Je me consacre alors toujours à mes vidéos personnelles, participe à des séminaires universitaires et à des expositions, effectue quelques jobs gagne-pain et surtout… je rédige (encore) ma thèse. Alors, maintenant que je suis (enfin) un « très honorable » docteur en arts plastiques, que va-t-il se passer ? Et bien, en gros, ça va continuer comme avant : entre théâtre et vidéo, création personnelle et collective, image et écriture… Mal sehen !